La pieuvre

Je suis sur le ventre, étendue sur le lit, la tête enfouie dans mon oreiller, recouverte de mes cheveux ; je somnole, je n’entends rien, je ne vois rien… Mon esprit vagabonde dans un vide lénifiant, je suis sur mon nuage, ailleurs.

Je perçois la caresse sur ma peau si douce qui garnit l’intérieur de mon genou et, dans le même temps, une pression se manifeste dans le creux derrière le lobe de mon oreille droite. Mais tout de suite, c’est ma nuque qui est sollicitée, et simultanément, un mouvement dans l’intérieur de ma cuisse, dans la zone si sensible juste avant la limite de mon intimité. La base de mon sein est effleuré brièvement par le côté, mon gros orteil droit est étiré doucement, sans aller jusqu’au craquement, ma colonne vertébrale est parcourue par un petit train qui se précipite lentement vers la raie de mes fesses. La plante de mes pieds ressent comme un baiser, mon lobe d’oreille gauche est comme mordillé, mon crâne est massé au travers de ma chevelure…

Je suis sous l’emprise de cette pieuvre géante qui a pris possession de mon corps, ses huit tentacules agissant indépendamment les uns des autres, chacun comme doté d’une vie propre. L’un s’enroule autour de ma cheville m’empêchant de remuer ma jambe, l’autre progresse en rampant le long de mon flanc, gravissant mes côtes, un autre encore sinue sur l’arrière de mes cuisses montant inéluctablement vers mon trésor caché que je ne sais protéger, fascinée que je suis par ces mouvements imprévisibles qui touchent chaque recoin de ma personne. Je voudrais bien bouger, et je le pourrais sans doute lorsque l’un des tentacules délaisse l’un de mes membres pour s’attaquer à une autre partie de moi-même, mais je ne le puis, hypnotisée par ma vulnérabilité, comme la proie sous le regard du serpent.

C’est soudain une action simultanée des huit tentacules qui, en cadence, tous ensemble, me massent les moindres parties de mon postérieur. Sur un rythme lent d’abord qui s’accélère progressivement, inéluctablement. Mes fesses sont caressées, pétries, malaxées, comme par des mains géantes. Voilà que mes globes sont écartés, laissant impudemment ma rosette à nu, légèrement distendue, mais à peine ai-je eu le temps de la contracter pour me protéger que voilà mes hémisphères resserrés l’un sur l’autre pour ne former qu’un fessier unique comme un pâton géant en train de lever chez le boulanger.

Et, d’un seul coup, un bras un peu plus vicieux de la bête s’insinue dans la raie de mes fesses, progresse dans une reptation lente et assurée, frôle mon anus en laissant chacune de ses ventouses, une à une, solliciter cette partie si secrète, pour avancer vers mon minou maintenant trempé. Car – horreur ! – non seulement je ne peux lutter, mais c’est de l’intérieur que mes défenses s’effondrent, abdiquent… Je me rends. Je succombe à cette invasion qui embrume mon esprit en même temps qu’elle fait couler un feu liquide dans mes veines et les moindres cavités de mon anatomie. Tout mon corps n’est qu’une corde de v i o l on qui se tend, qui se tend…

J’ai honte de ne savoir lutter contre cette intrusion, mais la tentation de me laisser aller à ce plaisir qui m’envahit est plus forte ; je m’ouvre malgré moi à cet envahisseur qui s’insinue et prend possession de moi, de ce qui est le plus mon moi.

Et voilà que d’autres tentacules me soulèvent et me retournent comme une poupée de chiffon : je suis maintenant sur le dos, mes seins, mes jolis petits seins offerts à l’encan. Mais c’est partout sur l’ensemble de mon torse, sauf sur eux, que ces bras parcourent ma peau, horripilant chaque parcelle effleurée, descendant parfois jusqu’à la toison de mon mont de vénus dont chacun des poils est une aiguille d’acupuncteur qui vrille mes nerfs. Tout n’est que tension sur cette bulle de savon qu’est le haut de mon corps. Mes tétins se dressent, je me cambre pour me livrer à cette caresse que j’attends, que je veux, mais l’horrible bête me laisse à cette soif inextinguible, évitant mes nichons assoiffés. J’ondule pour essayer de susciter un contact, pour quémander un titillement, mais la bête est adroite et m’esquive.

Et soudain, deux ventouses parmi les plus grosses de la bête se posent sur mes deux tétins, les enveloppent, les aspirent, les malaxent provoquant une vague d’une intensité presque douloureuse. Les sensations issues de la pointe de mes seins irradient dans tout mon corps, répandant une tension presque insupportable mais en même temps tellement intense que mon esprit ne peut plus rien percevoir d’autre.

Je crois devenir folle et ne plus pouvoir rien supporter de plus. Mais c’est le moment où un mini tentacule se met à se glisser dans les replis de mes lèvres intimes, entourant mon petit bouton, jouant une sarabande dans les replis de ma peau tout autour. Mon petit capuchon se découvre, laissant à nue ma chair la plus sensible. Mais je suis dans un tel état de liquéfaction et le tentacule si doux, lubrifié sans doute par une excrétion animale perverse, que je ne ressens aucune douleur à ce contact direct. Au contraire, ma tension atteint un niveau que je n’ai jamais connu, je commence à être prise de tremblements dans tous mes muscles, je gémis, je geins, je pousse des petits cris.

Mais je n’en ai pas fini, voilà que le bras de cette horrible bête qui m’avait pénétrée tout à l’heure, se met à croître et enfler dans mon minou, tandis qu’il s’agite de mouvements spasmodiques, et ondulant lentement dans mon humidité qui tourne à l’inondation, me donnant une sensation d’être envahie par une bête dotée d’une vie autonome. Tout mon ventre se sent empli de façon incroyable.

La sollicitation conjointe de mes seins, de mon ventre, de mon bouton et de mes fesses ne me permet plus de distinguer une sensation d’une autre. Je suis UNE sensation. Mon corps entier est une immense sensation. Ma température corporelle a dû atteindre le point d’ébullition. Je me mets à trembler, prise de contractions incoercibles de tout le corps, mes nerfs sont parcourus d’un courant de haute tension, des spasmes me prennent, je ne peux empêcher un long feulement de toute ma gorge qui part dans les graves et monte irrésistiblement vers les aigus.

C’est l’acmé, je ne m’appartiens plus je ne suis plus moi, je suis une immense jouissance, un plaisir indicible.

oooo0000oooo

La tension retombe doucement, mon esprit reste embrumé, je ne suis pas encore là, je suis encore dans mon petit paradis, déconnectée de la réalité des choses, en dehors du temps. Je me pelotonne sur le côté, mes mains entre les cuisses, essayant de retenir en moi cette magie de jouissance qui m’a emportée si loin.

Tout mon corps est éreinté, je suis moulue, comme passée dans une lessiveuse géante. Mes yeux s’entrouvrent, et je rencontre ses yeux qui reflètent la flamme de la bougie qui luit en vacillant dans la pénombre, dispensant une odeur entêtante de santal. Il me regarde avec bienveillance, un sourire aux lèvres, comme admiratif devant une œuvre d’art. Je suis son œuvre d’art, ou plutôt c’est ma jouissance qui a été une œuvre d’art qu’il a façonnée avec ses mains magiques.

Quelle bonne idée j’ai eue le jour où je l’ai envoyé suivre ce stage de massage ayurvédique !

Like a Princess
il y a 5 ans

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