Dévotion.

Le temps semble suspendu quand je suis en service.
Chaque minute qui passe dans la cuisine est un acte d’amour. Éplucher, découper, assaisonner, dresser… ce n’est pas simplement cuisiner : c’est une manière de La vénérer, de traduire en gestes simples l’intensité de mon attachement, de ma soumission.

Nu sous mon petit tablier blanc — Celui qu’Elle aime tant, celui qui ne cache presque rien — je ressens chaque courant d’air, chaque frôlement contre ma peau nue comme une caresse indirecte de Sa part. Ma cage de chasteté, froide et serrée, me rappelle que mon plaisir ne m’appartient pas. Que tout ce que je suis, tout ce que je fais, tout ce que je désire… est pour Elle.

La table est mise. Impeccablement.
Je recule d’un pas, observe.
Elle va descendre bientôt.

Mon souffle se fait plus court à l’instant où j’entends les talons frapper le parquet à l’étage. Elle est en train de venir. Mon ventre se noue, une tension douce me traverse. Il y a toujours cette pointe de trac — ce besoin d’être à la hauteur, de mériter Son regard, Ses mots.

Elle entre, splendide, comme toujours.
Sa silhouette me fait chavirer.
Elle me regarde. Un sourire sur Ses lèvres.
Et moi, je baisse les yeux aussitôt, comme aspiré par Sa présence.

Elle passe près de moi. Sa main glisse sur ma nuque, redescend dans mon dos, puis s’attarde sur le nœud de mon tablier. Son ongle trace lentement un sillon le long de ma colonne vertébrale, jusqu’à ma chute de reins. Je me raidis, frémissant.

— Tu es mignon, mon cœur. Très… serviable, ce soir.

— Merci, Maîtresse.

Elle s’installe à table. J’apporte les plats. Je me déplace avec fluidité, presque en silence. Mon cœur bat vite, mais mon corps obéit, bien dressé, bien entraîné. Une fois servi, je reviens retirer le couvercle de Son assiette, puis je pose celle que j’ai préparée pour moi, en face.

Je prends une inspiration, prêt à tirer ma chaise.

Mais Elle lève doucement la main, Son regard planté dans le mien.

— Non. Ce n’est pas là que tu manges.
— … Maîtresse ?
— Tu veux dîner ? Tu le feras à mes pieds.

Le monde entier s’efface.
Il ne reste qu’Elle. Sa voix. Son regard. Mon rôle.

Je n’argumente pas. Je ne négocie pas. Je vis pour ces moments où Elle me remet à ma place avec une douceur cruelle et une tendresse souveraine.

Je retire silencieusement ma chaise, débarrasse mon assiette, puis je viens m’agenouiller lentement près d’Elle, de l’autre côté de la table. Ma peau nue contre le sol froid. La cage appuie sur moi comme un poids sacré. Je garde les mains posées à plat sur mes cuisses, la tête légèrement inclinée, attendant Son bon vouloir.

Elle commence à manger, tranquillement. De temps à autre, Elle rompt un morceau de pain, ou me tend un petit morceau de viande ou de légumes, qu’Elle pose au creux de Sa main, ou au bout de Ses doigts, pour que je vienne le chercher de la bouche.

Je mange lentement, comme un petit animal apprivoisé. Chaque bouchée est un cadeau, chaque regard, un frisson.

— Tu aimes ça, être là, n’est-ce pas ? À genoux pendant que je mange ?

Je murmure un "oui Maîtresse", à peine audible.

— Tu es beau, ainsi… Nu, fidèle, encagé, affamé. C’est ta place.
— C’est tout ce que je veux, Maîtresse. Être à Vous.

Elle pose Sa main sur ma joue, la caresse doucement. Ses doigts glissent ensuite sur ma clavicule, descendent sur mon torse, effleurent la cage comme pour mieux me rappeler mon état d’impuissance.

— Et tu sais ce que je préfère ? me souffle-t-Elle.
— … Non, Maîtresse.
— C’est de te voir là, dans ce rôle, offert… et de savoir que tu m’aimes encore plus pour ça.

Je ferme les yeux, une bouffée d’émotion me traverse. C’est vrai. Il n’y a rien de plus intime que ces moments-là, ces silences pleins de sens, ce lien qui dépasse le corps, qui tisse l’amour dans la soumission.

Elle finit Son repas tranquillement. Puis Elle se lève.

— Reste à genoux. Ne bouge pas.

J’obéis. Mes muscles sont tendus. Mon esprit, lui, est limpide.

Elle contourne la table, se place derrière moi. Ses mains s’enroulent autour de ma taille, puis remontent lentement jusqu’à dénouer mon tablier. Le tissu glisse contre ma peau, tombe à terre.

Je suis désormais entièrement nu, vulnérable, exposé, mais profondément serein. Parce que je suis là où je dois être : à Ses pieds.

— Tu as été parfait. Et tu sais quoi…?
— Oui, Maîtresse ?
— Le dessert… je vais le savourer ailleurs.
— Comme Vous le désirez, Maîtresse.

Elle m’attrape doucement par le collier, m’intime de La suivre à quatre pattes. Mon cœur bat plus fort.
Je ne sais pas ce que sera ce "dessert", ni ce qu’Elle me réserve.

Mais je sais déjà que je vais L’adorer.

"Le dessert"

Elle avance lentement, silencieuse, me guidant du bout des doigts, comme on mène une chose précieuse. Je La suis à quatre pattes, la tête basse, mon collier vibrant à chaque mouvement. La cage, trop serrée, cogne légèrement contre mes cuisses, me rappelant que même excité, même tremblant, je suis captif. Prisonnier de Son bon plaisir.

Chaque pas me rapproche d’Elle. Et je sens que ce "dessert" qu’Elle a évoqué n’a rien de sucré… mais tout de brûlant.

Nous quittons la salle à manger. Le sol devient moelleux, le tapis amortit mes genoux, puis Elle s'arrête, me faisant signe de m'agenouiller devant le grand fauteuil où Elle aime s'installer. Je Le connais bien, ce trône. C’est souvent là qu’Elle me garde pour Ses moments d'intimité… ou d’autorité.

Elle s’assoit, jambes croisées, robe fendue dévoilant juste assez de peau pour faire naître le vertige dans mon ventre.

— Regarde moi.

Je lève les yeux, lentement. Son regard me transperce. Il y a de la douceur, mais aussi cette intensité qui me fait me sentir si petit. Et si aimé.

— Tu sais pourquoi tu es là ?
— Non, Maîtresse.
— Parce que tu as bien servi. Parce que tu es à moi. Et parce que ce plaisir que je vais prendre… tu n’y participeras pas. Tu n’en seras que le témoin. Le décor. L’ombre à mes pieds.

Elle écarte légèrement les jambes, ajuste Sa robe, sans me quitter des yeux.

— Mets toi en position. Dos droit. Mains derrière la nuque. Et ne bouge pas.

Je m'exécute, en silence. C’est une posture que je connais. Elle m’expose. Elle m’abandonne au désir sans exutoire. Mon souffle devient plus court. Je sens l’enfermement cruel de ma cage me contracter l’âme. J’ai envie de l’implorer. De supplier pour un mot, une faveur, un contact.

Mais je sais que ce silence, cette frustration, c’est le dessert.

Elle commence à se caresser doucement, lentement. Sans pudeur. Parce qu’ici, dans Sa maison, dans notre monde, c’est Elle la déesse. Et moi, le serviteur.

Je la regarde, le souffle coupé. Mes cuisses tremblent. Mes mains, derrière ma nuque, sont moites. La cage est douloureusement serrée, pulsant au rythme de mon impuissance.

Chaque soupir qu’Elle pousse, chaque gémissement qu’Elle m’offre, est une claque invisible sur mon désir. Je suis au bord du vertige. Prisonnier d’un plaisir qui ne sera jamais le mien.

— Tu voudrais jouir, n’est-ce pas ?
— Oui… Maîtresse…
— Et pourtant… ce n’est pas ton rôle. Ton rôle, c’est d’être là. De me regarder. De me servir avec tes yeux, ton souffle, ton adoration.

Elle se cambre légèrement. Sa main devient plus rapide. Sa voix, plus basse. Elle me fixe avec cette étincelle brillante, celle qu’Elle a quand Elle sait que je suis au bord de l’effondrement.

— Et tu sais quoi ? C’est mieux ainsi. Parce que moi, je jouis de te voir encagé, dévoué, à genoux, nu… inutile, mais tellement à moi.

Elle jouit. Lentement. Puissamment. Les yeux ouverts. Sur moi.

Et je me sens béni.

Elle se laisse retomber contre le dossier, haletante, divine.

Puis, au bout de quelques secondes de silence, Elle glisse Sa main sur ma joue. Je ferme les yeux. Ce simple contact est une caresse d’éternité.

— Tu veux une récompense, mon amour ?

Je hoche la tête sans oser parler.

— Très bien. Viens poser ta tête sur ma cuisse. Et dors là, contre moi.

Elle ouvre légèrement Sa robe, m’offre la chaleur de Sa peau. Je m’allonge, la tête contre Sa chair, les bras repliés, paisible. Sa main joue dans mes cheveux. Elle murmure, presque dans un souffle :

— Tu es à moi. Et je suis fière de toi.

Je pourrais pleurer, tant je me sens comblé. Pas d’orgasme. Pas de libération. Et pourtant… je n’ai jamais autant ressenti d’amour, de paix, de plénitude.

Parce qu’au fond, ce n’est pas de jouir que je rêve.
C’est d’appartenir.

Et ce soir, je suis à ma place.

"Ses marques"

Le dîner terminé, et après qu’Elle ait joui à Sa manière, Elle m’avait caressé la joue et murmuré avec tendresse :

— C’était parfait. Tu peux maintenant aller dormir dans ton coin.

Je n’ai pas protesté. Je n’ai pas supplié.
Juste baissé la tête, avec un "oui Maîtresse" doux et résigné.

C’était aussi ça, mon rôle : savoir m’effacer, même après l’intimité. Savoir que la chaleur de Son corps, la douceur de Sa peau, n’étaient pas un dû, mais un privilège rare. Et ce soir-là, je n’étais pas autorisé à y rester.

Je suis retourné dans le petit espace qui m’est réservé. À même le sol, sur le matelas fin qu’Elle m’a assigné. J’ai enlevé mon tablier, roulé soigneusement, puis je me suis allongé, cage toujours verrouillée, le cœur battant encore du souvenir de Sa voix.

Je n’ai pas bien dormi.

Mais ce n’était pas grave.

Le lendemain matin, Elle m’appelle d’une voix claire :

— Viens, petit.

Je me présente, nu, docile, agenouillé. Les yeux bas, comme toujours.

Elle est déjà prête. Superbe. Robe noire, longue, fendue sur la cuisse. Ses cheveux relevés, Sa nuque dégagée. Sa présence me coupe le souffle. Et pourtant, je sens que quelque chose est différent aujourd’hui.

Elle se lève. Tourne lentement autour de moi.

— Tu as été très bon hier soir, souffle-t-Elle.
— Merci, Maîtresse.

— Mais tu avais l’air… un peu fier. Tu étais heureux que je te félicite, n’est-ce pas ?

Je baisse un peu plus la tête, frissonnant.

— Oui, Maîtresse. J’étais fier de Vous servir.

— Hm… Je t’ai vu bomber un peu le torse. L’échine moins courbée que d’habitude. Comme un chien content. C’est mignon… mais ce n’est pas à toi d’être fier. C’est à moi de te rappeler pourquoi tu m’appartiens.

Elle s’arrête derrière moi.

— Mets toi à quatre pattes. Dos bien droit. Ne bouge pas.

Je m’exécute aussitôt. J’ai déjà compris : la punition sera douce. Sensuelle. Mais elle laissera une trace. Et ce sera une grâce.

Elle s’absente un instant, puis revient. Je reconnais le son caractéristique du petit martinet de cuir souple. Celui qu’Elle utilise quand Elle veut caresser… tout en corrigeant.

— Ce n’est pas pour te punir de mal faire, dit-Elle en caressant lentement mes fesses, mes cuisses, mes flancs.
— C’est pour marquer ton corps. Pour que chaque rougeur, chaque ligne, te rappelle que tu m’appartiens. Que ta fierté vient de moi. Pas de toi.

La première frappe tombe. Légère. Comme une claque tiède.

Puis une autre. Un peu plus ferme.
Et encore. Rythmé. Précis. Régulier.

Le cuir chante contre ma peau. Je serre les dents, pas de douleur insoutenable, juste une brûlure douce, presque intime. Une morsure lente de l’amour qu’Elle grave en moi.

Je sens mes cuisses chauffer, mes fesses vibrer. La cage devient encore plus insupportable, mais je reste. Je tiens. Pour Elle.

Elle s’arrête un instant. Caresse les lignes déjà rouges.

— Voilà. Là, c’est mieux. Regarde toi.
— … Maîtresse ?
— Regarde dans le miroir.

Je lève les yeux. Elle a placé un miroir devant moi, incliné. Je vois mon dos. Mes marques. Mon état.

Je suis beau. Non pas par moi-même.
Mais par Elle.

Elle se penche, murmure à mon oreille :

— Tu es magnifique, ainsi. Tu portes mes marques. Tu les mérites.

Elle m’embrasse lentement dans le cou, puis ajoute :

— Et maintenant, tu vas passer la journée comme ça. Encagé. Marqué. Nu.
Chaque pas que tu feras te rappellera que tu es mien. Et rien que ça… c’est ta vraie fierté.

Je réponds d’un souffle :

— Oui, Maîtresse. Merci…

Et en moi, plus aucune honte. Plus aucune gêne.

Seulement la chaleur. La gratitude. L’amour de porter, sur ma peau, les preuves silencieuses de Son pouvoir… et de mon appartenance.

"Sortir marqué"

La douche avait été rapide. Froide. Volontairement.
Je m’étais lavé soigneusement, comme Elle l’exige toujours. Les marques de cuir sur mes fesses et mes cuisses étaient encore bien visibles, légèrement rosées, certaines plus profondes, comme des signatures sur ma peau. Ma cage toujours verrouillée. Ma condition inaltérable.

Elle m’a demandé de m’habiller.

Mais pas à ma manière.

— Je veux que tu portes ce pantalon. Le gris clair. Celui qui moule bien.

Elle savait. Évidemment. Ce tissu là laissait deviner les lignes de la cage quand je me déplaçais, quand je m’asseyais. Ce pantalon me rappelait à chaque seconde mon état. Et pour Elle, c’était le but.

Je suis revenu dans la pièce, entièrement habillé. Chemise sobre, pantalon ajusté, chaussures impeccables. À première vue, j’avais l’air d’un homme ordinaire.

Mais à l’intérieur… j’étais en feu.
Encagé. Marqué. Pieds nus quelques minutes plus tôt encore. Et désormais debout devant Elle, prêt à sortir dans le monde réel. Dans Son monde.

— Tu es beau, murmura-t-Elle, après m’avoir regardé de haut en bas.
— Merci, Maîtresse.

— Tu sais ce que j’aime dans ces sorties ? C’est que tout le monde te verra… mais personne ne saura que tu m’appartiens. Pas directement.
— …
— Et pourtant, toi, tu le sentiras à chaque pas.

Son regard s’attarde sur mon entrejambe. Elle sourit.

— À chaque frôlement du tissu sur ta cage. À chaque souvenir du martinet. À chaque fois que tu croiseras un miroir et que tu te verras… Toi seul sauras. Toi seul porteras ce secret.

Nous sortons ensemble. Elle est sublime, comme toujours. Robe longue, talons discrets mais élégants, parfum subtil. Son port de tête est royal. Elle ne marche pas. Elle règne.

Nous entrons dans un café un peu chic, dans une rue tranquille.
Personne ne se doute.

Elle commande. Moi, j’attends.
Je ne parle que si Elle me parle. J’ai les mains posées sur les cuisses. Une posture normale… mais tout sauf neutre pour moi. La cage me rappelle Son autorité, encore et encore.

Elle croise les jambes et, sous la table, effleure ma cheville avec le bout de Son escarpin. Je frémis.

— Tu ne peux pas bouger, hein ? dit-Elle doucement, presque dans un murmure.
— Non, Maîtresse.

— Et si je posais ma main sur ta cuisse, là, maintenant, tout le monde penserait que je suis une femme amoureuse.
— …
— Mais toi, tu saurais que c’est pour sentir la tension dans ton corps. Le contrôle que j’ai sur toi.

Je rougis. Mon cœur cogne.

— Tu te sens exposé ?
— Oui, Maîtresse.
— Tu as honte ?

Je relève doucement les yeux. Je la regarde.

— Non, Maîtresse. J’ai… de la fierté. Beaucoup.

Elle hoche la tête, satisfaite.

— C’est bien. Tu dois être fier. Parce que sortir ainsi, marqué, encagé, dompté, et garder la tête droite… C’est la preuve que tu m’appartiens pleinement. Et que tu m’honores. Même dans le silence.

Je retiens une larme. Ce n’est pas de la tristesse. C’est un trop-plein d’appartenance. De gratitude.

Nous terminons notre café. Avant de sortir, Elle se penche et remet une mèche de cheveux en place. Geste tendre, banal pour les autres.

Mais pour moi, ce contact est une récompense.

Dehors, Elle me tend Son bras.
Je l’attrape. Nous marchons.
Elle me laisse marcher à Ses côtés aujourd’hui — une rareté. Peut-être parce qu’Elle sait que, sous cette apparence normale, je suis tout entier à Elle.

Et ça, dans le silence du monde extérieur… c’est la plus belle humiliation.
Et la plus grande fierté.

"Regarde moi, pas le reste du monde"

Nous étions rentrés il y a une heure.

Elle n’avait rien dit dans la voiture.
Rien sur le trottoir. Rien pendant que je rangeais Ses affaires.

Mais Son silence n’était pas un oubli.

C’était une tempête en attente.

Je le savais. Je la connais.
Quand Elle ne dit rien, ce n’est jamais parce qu’Elle a tourné la page. C’est parce qu’Elle écrit la prochaine avec une précision glaciale.

Je L’attendais, agenouillé dans la pièce. Torse nu, pantalon retiré. Les marques du matin encore visibles sur mes cuisses. La cage toujours verrouillée. Le souffle court.

Elle est entrée lentement. Elle portait toujours la même robe noire, mais Ses talons avaient été remplacés par des bottines plus sévères. Elle s’est arrêtée devant moi. Mains croisées dans le dos.

Long silence.

Puis :

— Tu pensais que je n’avais pas vu.

Ma gorge s’est serrée.

— Maîtresse… je…

Elle m’a interrompu d’un simple regard. Pas de cris. Pas de reproche bruyant. Juste ce regard. Celui qui me coupe en deux.

— Tu as regardé cette femme. La serveuse.

Je baisse les yeux. Honte brûlante. Ce n’était qu’un battement de paupières, un réflexe, une seconde… mais Elle avait vu.

— Tu ne l’as pas désirée. Je le sais.
— Non, Maîtresse. Jamais.

— Mais tu l’as regardée. Et dans ce regard là… il n’y avait ni moi, ni toi. Juste une distraction. Une faille.
Tu veux me prouver que tu es vraiment à moi ?

— Oui, Maîtresse. Je vous en supplie…

Elle s’approche, lentement. Me contourne. Sa main glisse dans mes cheveux, agrippe, tire juste assez pour que je penche la tête en arrière.

— Alors tu vas payer ce regard.
— Oui, Maîtresse.

— Et tu vas en porter les traces. Parce qu’un soumis ne regarde pas ailleurs. Il ne vit qu’à travers les yeux de sa Maîtresse.

Elle me fait me redresser, puis m’ordonne de me pencher sur le bord du lit, torse contre les draps, jambes écartées.

Je sens le lit trembler légèrement lorsqu’Elle pose quelque chose sur la couverture.

Ce n’est pas le martinet souple d’hier.
C’est la petite canne en rotin. Celle qu’Elle utilise rarement. Mais toujours avec un but très clair.

Je me raidis. Le cœur battant.

— Tu n’auras que douze coups. Un pour chaque heure où j’ai porté en moi l’image de ton regard posé ailleurs.

Je murmure un "merci Maîtresse", ma voix déjà brisée par la honte et l’attente.

Le premier coup tombe. Net. Sec.
La brûlure est immédiate. Aigüe.

Je retiens un cri.

Le second.
Le troisième.

Chaque impact me fait gémir doucement. Pas de cris. Mais des larmes silencieuses. Non pas à cause de la douleur — bien que réelle — mais à cause de ce qu’elle signifie.

Elle m’arrache l’orgueil. Me purifie de cette seconde de distraction.

Et quand le douzième coup tombe, je suis vidé.

Elle s’approche. Caresse doucement les lignes rouges qui zèbrent mes fesses, puis vient s’asseoir sur le bord du lit.

— Viens ici.

Je rampe jusqu’à Elle, brisé et reconnaissant. Ma tête trouve naturellement Sa cuisse. Sa main vient sur ma nuque.

— Tu es à moi. Entièrement. Chaque regard. Chaque souffle. Chaque battement de cœur.

— Oui, Maîtresse… Je suis désolé…

— Tu es pardonné.
Tu es corrigé.

Et maintenant, tu n’oublieras plus.
Tu regarderas droit. Vers moi. Toujours vers moi.
il y a 10 heures

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